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leur et d’un saltimbanque et signe une lettre de ce faux nom… Ceci est une affaire de bagne et de galères… rien de plus… rien de moins… entendez-vous, milord ?

Tandis que l’histrion Kean marche à visage découvert, lui ! et dit hautement son nom ; car le lustre de son nom ne lui vient pas de ses aïeux, mais y retourne… tandis que l’histrion Kean arrache le masque à tout visage, au théâtre comme à la taverne, et fort de la loi qu’il a reçue l’invoque contre celui qui l’a faite… Lorsque l’histrion Kean offre à lord Mewill de ne rien dire de tout cela, à la condition qu’il lui fera satisfaction d’une insulte, dont la société pourrait lui demander justice… lord Mewill répond qu’il ne peut se battre avec un bateleur, un saltimbanque, un histrion… oh ! sur mon honneur ! c’est bien répondu, car il y a trop de distance entre ces deux hommes.

Milord ! vous n’avez oublié, dans tout ceci, que trois choses : la première, c’est que je pourrais dénoncer votre attentat à la justice, et vous remettre, à cette heure, entre ses mains.

La seconde, c’est qu’il y a de ces insultes qui marquent le front d’un homme comme un fer rouge l’épaule d’un forçat, et que je pourrais vous faire une de ces insultes.

La troisième, c’est que vous êtes enfermé ici en mon pouvoir, en ma puissance… et que je pourrais vous briser entre mes mains… voyez-vous ?… comme je briserais ce verre… — (Riant.) ah ! ah ! ah ! si je n’aimais mieux m’en servir pour porter un toast… Verse, Peter, au bonheur de miss Anna Damby, à son libre choix d’un époux… et puisse cet époux lui donner tout le bonheur qu’elle mérite et que je lui souhaite !

TOUS.

Vive M. Kean !…

KEAN.

Maintenant, vous êtes libre de vous retirer, milord.