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RICHARD.

Juin.

TOMPSON.

Comprenez-vous ?

RICHARD.

Non.

TOMPSON.

Le seul acte légal, le seul qui puisse constater votre union.

RICHARD.

Eh bien ?…

TOMPSON.

Le feuillet, je le déchire… Je vous l’apporte, vous l’anéantissez, et vienne Jenny avec ses cris, ses pleurs : plus de preuves.

RICHARD.

Plus de preuves…

TOMPSON.

Et nous sommes sauvés.

RICHARD.

Mais es-tu bien sûr de réussir ?

TOMPSON.

Je l’ai dit, cet acte sera anéanti, dussé-je brûler les archives… Je ne vous demande rien jusque-là : mais alors…

RICHARD.

Alors ?…

TOMPSON.

Il y aura un crime entre nous deux, sir Richard.

RICHARD.

Je serai ton protecteur.

TOMPSON.

Oh ! mieux que cela, vous serez non complice.

RICHARD.

Complice soit… Mais hâtons-nous.

TOMPSON.

Que faut-il faire ?

RICHARD.

Passe chez le marquis, donne-lui rendez-vous pour ce soir, avec toute la famille, à ma maison de campagne. Excuse-moi de les y précéder… Dis que c’est indispensable, dis ce que tu voudras.

TOMPSON.

De là ?…

RICHARD.

Cours retenir des chevaux de poste ; tu reviendras ici prendre ma voiture, Jenny sera prête.

TOMPSON.

Vous en êtes sûr ?

RICHARD.

Je m’en charge. — (À un domestique.) Une femme n’est-elle pas ici quelque part à m’attendre ?

LE DOMESTIQUE

Dans cette chambre.

RICHARD.

Dites-lui de venir. Toi, Tompson, va-t’en, qu’elle ne te voie pas. Au marquis Da Sylva, rendez-vous ce soir à ma maison de campagne ; puis des chevaux de poste et la mer entre nous deux… J’oubliais… Il y a 800 livres sterling dans ce portefeuille, tu lui laisseras tout ce dont tu n’aurai pas besoin pour revenir… À ce soir, songes-y.

(Tompson sort.)
LE DOMESTIQUE

Voici cette dame.

RICHARD.

Bien. Fermez les portes ; je n’y suis pour personne, pour personne, entendez-vous !


Scène IX.

RICHARD, JENNY.
JENNY, entrant.

Richard !

RICHARD.

Venez, madame, venez.

JENNY.

Où est Mawbray ?

RICHARD.

Hors de cet hôtel, où j’espère qu’il ne rentrera jamais.

JENNY.

Vous l’avez…

RICHARD.

Chassé comme un espion. Savez-vous, madame, que je suis las de ses remontrances ? à peine si je les supporterais de quelqu’un qui aurait le droit de me les faire. Cet homme nous perd en se plaçant entre nous deux ; il vous excite constamment à trahir le premier devoir d’une épouse… l’obéissance.

JENNY.

Oh mon Dieu ! mais ce n’est pas lui.

RICHARD.

Je vous dis que je suis las de vous avoir toujours sur mes pas, comme une ombre ; que c’est un mauvais moyen de ramener son mari, que de le poursuivre d’importunités et de doléances.

JENNY.

Mais ce n’est pas lui.

RICHARD.

C’est donc vous alors ? Vous ou lui ! eh bien ! il me fatiguait, et je me suis débarrassé de lui d’abord.

JENNY.

Et maintenant c’est mon tour, n’est-ce pas ?… Oh ! que vous êtes cruel !