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RICHARD.

Cette femme, Tompson, c’est ma mère.

TOMPSON.

Lady Wilmor !… et votre père…

RICHARD.

J’allais le connaître, quand Mawbray est sorti de « Texte »ce cabinet.

TOMPSON.

Il vous écoutait ?

RICHARD.

Cet homme est toujours là.

TOMPSON.

C’est lui qui vous a forcé à tout refuser.

RICHARD.

Non, j’ai tout accepté.

TOMPSON.

Accepté ?

RICHARD.

Tout promis.

TOMPSON.

Et lady Wilmor vous a parlé du projet d’union ?…

RICHARD.

Oui.

TOMPSON.

Et Mawbray vous écoutait… Tout est perdu !

RICHARD.

Non, car il ne verra plus Jenny. Séparation éternelle entre elle et ce génie qui la protège et me poursuit ! Le voici.


Scène VII.

RICHARD, MAWBRAY, TOMPSON.
RICHARD.

Me direz-vous, monsieur, de quel droit vous vous mêlez ainsi à ma destinée ?

MAWBRAY.

Ce langage…

RICHARD.

Est celui d’un homme justement irrité.

MAWBRAY.

Vous oubliez…

RICHARD.

Est-ce que je vous connais, moi ? est-ce que je vous dois quelque chose ?

MAWBRAY.

Vous devez le respect à mes cheveux blancs, la confiance aux avis d’un ami de votre père adoptif, qui m’a légué une partie de sa puissance paternelle.

RICHARD.

Il n’a pas voulu me léguer à moi un espion, un semeur de discorde dans mon ménage.

MAWBRAY.

Que Jenny soit heureuse ! je perds mon seul droit sur elle, celui de la protéger.

RICHARD.

Heureuse ou non, renoncez à tout droit en sa faveur.

MAWBRAY.

Que prétendez-vous ?

RICHARD.

Que dès ce moment vous ne l’approchiez plus.

MAWBRAY.

Voulez-vous me dire que vous me chassez ?

RICHARD.

Entendez-le comme vous le voudrez.

MAWBRAY.

Avez-vous songé que vous pariiez à un vieillard qui depuis quinze ans a mis toute sa vie en vous, en Jenny ; dont l’espoir, la pensée, la prière unique a été ton bonheur par elle, son bonheur par toi ? Richard, en parlant ainsi, as-tu songé que tu me tues ?

TOMPSON.

Peut-il y avoir rien de commun entre sir Richard et un étranger qui se cache, qui porte un faux nom ?

MAWBRAY.

L’intervention de ton valet m’éclaire ; on en veut à Jenny, on lui enlève le seul appui qui lui reste.

RICHARD.

Trêve de suppositions.

MAWBRAY.

Richard ! je déjouerai les projets de cet homme et les tiens ; sous ton toit, dans la rue, je veille sur elle.

RICHARD.

C’en est assez ! sortez.

MAWBRAY.

Malheureux ! tu ne sais pas que je suis né pour punir !

(Il sort.)


Scène VIII.

RICHARD, TOMPSON.
RICHARD.

Et ce seraient de pareils obstacles qui m’arrêteraient !


TOMPSON.

Il y aurait folie à le souffrir une seule heure.

RICHARD.

Ma mère, une Da Sylva, première noblesse de Portugal ! Lady Wilmor, première noblesse d’An-