Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE PRÉSIDENT.

Est-ce de la menace, sir Richard ?

RICHARD.

C’est de l’histoire, monsieur.

LE PRÉSIDENT.

Eh bien ! sir Richard, c’est pour éviter ces grandes catastrophes entre la royauté et le peuple, dont le sang se perd toujours en proportion à peu près égale, qu’un pouvoir intermédiaire a été créé comme un double bouclier où viennent s’amortir l’orgueil de l’un et les exigences de l’autre. Leurs mains, que nous tenons de chacune des nôtres, nous pouvons les réunir.

RICHARD.

Cela ne se peut pas, Excellence.

LE PRÉSIDENT.

Sir Richard, ce n’est pas là ce qu’on nous avait promis.

RICHARD.

Promis ! et qui avait été assez audacieux pour promettre en un autre nom qu’au sien ?

LE PRÉSIDENT.

Fait espérer du moins.

RICHARD.

Une trahison, n’est-ce pas ?

LE PRÉSIDENT.

Une concession tout au plus.

RICHARD.

Une concession ! le peuple n’en fait plus aujourd’hui, il en exige.

LE PRÉSIDENT.

Nous avons pu croire un instant…

RICHARD.

Que j’étais à vendre, n’est-ce pas ? C’est dans cette espérance, sans doute, que vous m’aviez fait demander une entrevue secrète ; mais je suis venu vous trouver au milieu de vos collègues qui entendront ma réponse et la rediront, si tel est leur bon plaisir.

LE PRÉSIDENT.

Monsieur, ces explications…

RICHARD.

Ah ! messieurs, vous êtes venus, ambassadeurs de corruption, apporter à mes pieds les présents de la couronne ! Eh bien ! je repousse du pied présents et ambassadeurs ! arrière tous !

LE PRÉSIDENT.

Il n’y a plus que ce moyen.

(Il parle bas à un ministre, qui entre aussitôt chez le roi.)


Scène XVIII.

Les précédents ; excepté LE MINISTRE.
RICHARD.

Et si demain, du haut de la tribune, je disais à mes commettants quel prix on évaluait leur mandataire ; si je dénonçais cet infâme marché des consciences, si je vous rejetais à la face vos honteuses propositions ?

LE PRÉSIDENT.

Et quelles preuves donnerez-vous, sir Richard ? ne pouvons-nous pas nier ?

RICHARD.

À celui qui nierait, je dirais : Tu mens !

LE PRÉSIDENT.

Monsieur, nous vous offrions la paix… Vous refusez…La guerre donc… À demain à la chambre !

RICHARD.

À demain à la chambre !

(Le ministre qui est entré chez le roi rentre et parle bas au président.)
LE PRÉSIDENT, à Richard qui va sortir.

Sir Richard, vous êtes prié de vouloir bien attendre quelques instants dans cette salle.

(Les ministres sortent.)


Scène XIX.

RICHARD, un huissier.
RICHARD.

Que veut donc encore de moi le ministère ?

L’HUISSIER, entrant.

Il y a un homme qui demande à vous parler.

RICHARD.

Tout à l’heure.

L’HUISSIER.

C’est votre secrétaire, je crois.

RICHARD.

C’est bon.

L’HUISSIER.

Il paraît très-pressé de vous parler. Il attend.

RICHARD, avec impatience.

J’attends bien… moi… Pourquoi ne s’est-on pas expliqué ? Est-ce quelque ruse, quelque piège ?… Allons savoir ce que nous veut Tompson… La porte s’ouvre… Que vois-je ?…


Scène XX.

UN INCONNU, RICHARD.
L’INCONNU.

Monsieur… vous ne me connaissez pas… mais