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TOMPSON.

Un député ne s’allie pas avec les ennemis du peuple.

DA SYLVA.

Non, mais il peut se marier à une fille noble.

TOMPSON, avec surprise.

Se marier !

DA SYLVA.

Sir Richard est garçon ?

TOMPSON, un moment embarrassé.

Oui, monsieur le marquis.

DA SYLVA.

Ses intérêts alors changent de nature. Qui blâmera le lord d’avoir d’autres vues d’avenir que le simple député des Communes ? L’intérêt du pays, vu de sa nouvelle position, se présente à lui sous une nouvelle face : et voir d’en bas ou d’en haut, fait une grande différence dans la perspective.

TOMPSON.

J’avoue, monsieur, que cela change la question.

DA SYLVA.

Et si à une grande fortune la fiancée joint une grande beauté, sir Richard n’est pas homme à avoir le cœur aussi désintéressé que la conscience.

TOMPSON.

Mais pourquoi un mariage ?

DA SYLVA.

Parce qu’il faut que les liens qui nous attacheront sir Richard soient durables.

TOMPSON.

Est-ce une indiscrétion de vous demander le nom ?

DA SYLVA.

Miss Wilmor.

TOMPSON.

La petite-fille de Votre Seigneurie ?

DA SYLVA.

Oui, l’enfant que lord Wilmor avait eue d’un premier lit et que ma fille unique, Caroline, adopta en l’épousant. Je lui donne cent mille livres sterling de dot.

TOMPSON.

C’est tout, monsieur le marquis ?

DA SYLVA.

Lord Wilmor était pair d’Angleterre.

TOMPSON.

Je le sais.

DA SYLVA.

Peut-être obtiendra-t-on de Sa Majesté de faire revivre ce titre en faveur de l’époux de sa fille.

TOMPSON.

Et tout cela… ?

DA SYLVA.

Serait assuré par le contrat de mariage.

TOMPSON.

Ces promesses sont belles, mais qui garantira pour sir Richard… ?

DA SYLVA.

Le besoin que nous avons de lui.

TOMPSON.

Une fois qu’il aura renoncé à combattre le bill ?

DA SYLVA.

Une fois qu’il aura les titres entre les mains.

TOMPSON.

C’est juste.

DA SYLVA, se levant

Alors, vous me promettez…

TOMPSON.

Que vos offres seront fidèlement rapportées.

DA SYLVA.

Je vous remets de hauts intérêts, monsieur Tompson.

TOMPSON.

Je les apprécie.

DA SYLVA.

Vous savez que le temps nous presse ; après-demain serait trop tard.

TOMPSON.

Je ne l’oublierai pas.

DA SYLVA.

Au revoir.

(Il sort.)


Scène VIII.

RICHARD, TOMPSON.
TOMPSON, bas, ouvrant à sir Richard.

Qu’en dites-vous, sir Richard ?

RICHARD, sortant.

Qu’il est fâcheux que ce ne puisse être qu’une plaisanterie.

TOMPSON.

Comment cela ?

RICHARD.

Et mon mariage ?

TOMPSON.

Et le divorce.

RICHARD, lui appuyant la main sur l’épaule.

Répète !

TOMPSON.

Eh bien ! qu’y a-t-il là d’étonnant ? Oui, le divorce.

RICHARD.

Et qu’ai-je à reprocher a Jenny qui puisse me le faire obtenir ?

TOMPSON.

N’avons-nous pas le consentement mutuel ?