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veux-tu donc me faire mourir ? ne vois-tu pas que je suis hors de moi, que je ne sais ce que je dis ?

léon.

Ah ! c’est vrai ! Pauvre oncle ! pardon ! pardon !

m. de vertpré.

Ah ! (Ils se jettent dans les bras l’un de l’autre et s’embrassent à plusieurs reprises.) Allons, du courage ! (Il ouvre la lettre dans la plus grande agitation, puis à mesure qu’il lit, sa figure devient riante.) L’écriture de Pauline ?… Qu’est-ce que cela signifie ? tu es sûr que c’est ma femme qui t’a remis cette lettre ?

léon.

Il en doute !

m. de vertpré.

Alors, je comprends !

léon.

Pauvre homme ! il comprend ! C’est affreux ! (M. de Vertpré rit.) Dans quelle agitation il est ! (M. de Vertpré remonte la scène.) Que va-t-il faire ? où va-t-il ? mon oncle, je vous en supplie, pas d’imprudence !

m. de vertpré.

Sois tranquille.

léon.

Cette lettre, au moins, rendez-moi cette lettre.

m. de vertpré.

Je te la rendrai devant ma femme.



Scène XVIII.


LÉON, MADAME DE VERTPRÉ, M. DE VERTPRÉ, PAULINE.
madame de vertpré, paraissant avec Pauline
à la porte de son appartement.

Nous voici.

léon.

Elles écoutaient toutes deux !

m. de vertpré, allant à sa femme et l’amenant par le bras
sur la scène.

Madame, quand désormais Pauline écrira des lettres, priez-la de les signer, et vous m’épargnerez une des scènes les plus chagrinantes qui me soient arrivées de ma vie.

madame de vertpré.

Cela vous apprendra à être jaloux.

m. de vertpré.

Moi, jaloux !… Si on peut dire… Pauline, (En remettant la lettre.) rends cette lettre à monsieur.

léon.

Comment ? cette lettre…

pauline.

Est de moi. Êtes-vous fâché, monsieur, que je vous aie écrit ?

léon.

Oh !… (À madame de Vertpré.) Ainsi, madame, vous ne m’aimez pas ?

madame de vertpré, gaiement.

Pas le moins du monde, monsieur ; mais je devais une leçon à un étourdi.

léon.

Oh ! que je vous remercie ! Mais cette scène ?…

madame de vertpré.

Ne m’avez-vous pas dit vous-même que les reproches que je vous faisais, Pauline pouvait vous les faire aussi ? J’étais son fondé de pouvoirs.

léon.

Ah ! puis-je du moins espérer ?…

madame de vertpré.

Vous ne le méritez guère : cependant (Regardant Pauline.) nous voulons bien croire que vous ne mentiez pas, lorsque, ce matin, vous lui disiez que vous n’aimeriez jamais et n’aviez jamais aimé qu’elle.

léon.

Ainsi Pauline…

madame de vertpré.

Vous appartient.

m. de vertpré.

Elle t’appartient, mon neveu. Et dire que tout cela n’est arrivé que par suite de la nécessité où j’étais de me faire passer pour mort !

léon.

Ah ! maintenant, j’espère que vous allez nous en dire la cause…

m. de vertpré.

Rien de plus juste. Imagine-toi…

(Tout le monde écoute.)
hélène, entrant.

Monsieur, c’est le notaire et le contrat.

m. de vertpré.

Je te conterai cela demain.


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