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m. de vertpré, à part.

Très-bien ! — (Haut.) Monsieur, l’affaire dont je dois entretenir madame de Vertpré est secrète.

léon.

Cela se peut, monsieur.

m. de vertpré.

Ce qui fait qu’à moins que vous ne soyez son mari…

léon.

Je n’ai pas cet honneur, monsieur.

m. de vertpré.

J’oserai attendre de votre discrétion…

léon.

Que je me retire, n’est-ce pas ?

m. de vertpré.

Si vous aviez cette complaisance…

léon.

Dites-moi, est-ce que vous en avez pour longtemps ?

m. de vertpré.

Pourquoi cela ?

léon.

Ah ! c’est que vous dérangeriez toute notre journée.

m. de vertpré.

J’abrégerai.

léon.

Merci, vous serez fort aimable.

(Il va pour sortir.)
m. de vertpré.

Et votre habit ?

léon, revenant et emportant ton habit.

Je vais achever de le faire sécher chez Hélène.



Scène IX.


M. DE VERTPRÉ, seul ; puis MADAME DE VERTPRÉ
m. de vertpré, regardant Léon qui s’éloigne.

Voilà un jeune homme fort original, et, si j’étais jaloux… Maintenant qu’il est parti, je crois que je puis entrer chez ma femme ?

(Il frappe à la porte.)
madame de vertpré, de sa chambre.

Ne vous impatientez pas, Léon, je suis prête.

m. de vertpré.

Léon !… et pardieu, madame, ce n’est pas Léon, c’est moi.

madame de vertpré.

Ah ! c’est sa voix ! (Elle s’élance sur le théâtre.) Cher ami, cher Paul, avec quelle impatience je l’attendais.

m. de vertpré.

Vraiment, Adèle ?

madame de vertpré.

Oh ! oui.

m. de vertpré.

Allons, embrasse-moi donc alors. Que tu es belle toujours, chère amie !… et tu pensais à moi ?

madame de vertpré.

Depuis que j’ai reçu ta lettre, qui m’annonçait ton arrivée au Havre, je compte les heures, les minutes ; et sans cet étrange secret que tu me recommandes, j’aurais parlé à tout le monde de mon bonheur.

m. de vertpré.

Ce secret est encore nécessaire… Mais, dis-moi, quel est ce…

madame de vertpré.

Mais les circonstances politiques sont bien changées !

m. de vertpré.

Changées, changées !… — Il y avait ici, quand je suis arrivé, un jeune…

madame de vertpré.

Ta traversée a été heureuse ?

m. de vertpré.

Dix-huit jours de New-Yorck au Havre. — Ce jeune homme qui était…

madame de vertpré.

C’est égal, cela t’a fatigué, et tu as besoin de repos. Je vais donner des ordres…

m. de vertpré.

Non, je t’assure, je ne me sens pas la moindre lassitude. J’ai trouvé en arrivant ici un jeune homme…

madame de vertpré.

Ah ! oui, Léon.

m. de vertpré.

Qu’est-ce que c’est que Léon ?

madame de vertpré.

Un jeune homme charmant.

m. de vertpré.

Je l’ai vu, et là-dessus mon avis…

madame de vertpré.

Plein d’esprit.

m. de vertpré.

Je lui ai parlé, et cependant…

madame de vertpré.

Avocat distingué.

m. de vertpré.

Est-ce que vous avez des procès, madame de Vertpré ?

madame de vertpré.

Non, monsieur, mais j’ai une nièce.

m. de vertpré.

Après ?