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Scène VI.


HÉLÈNE, MADAME DE VERTPRÉ, LÉON.
(Trempés tous deux, ils entrent vivement.)
madame de vertpré.

Hélène ! Hélène ! vite ! à moi !

léon, se secouant.

Je vous l’avais bien dit ; ce n’est pas ma faute.

madame de vertpré.

Eh bien ! le grand malheur ! je changerai de robe, voilà tout. Venez, Hélène, oh ! j’ai froid, vite ! vite !

(Elle entre avec Hélène dans sa chambre.)



Scène VII.


léon, seul.

Vous changerez de robe, c’est très-bien ; mais moi je ne changerai pas d’habit… et cela par une excellente raison. Au diable la promenade ! C’est que je suis tout trempé. Elle a froid… moi aussi, pardieu ! je grelotte… (S’arrêtant devant le feu.) Du reste, je suis bien bon de me gêner… il y a bon feu, et je suis tout seul !… Pendant qu’elle change de robe, je ne vois pas trop pourquoi je me priverais de faire sécher mon habit… Oui… c’est une excellente idée ! (Il défait son habit, le met devant le feu sur le dos d’une chaise, et se place à califourchon sur la chaise.) Là ! ne perdons pas de vue la porte de la chambre, et au moindre bruit… Ma foi ! si le monsieur au-devant duquel nous allions est en route de ce temps-là, je lui en fais mon compliment bien sincère… et s’il arrive par le parc, il serait bien aimable de me rapporter mon chapeau. (Il se retourne en entendant entrer quelqu’un.) Qu’est-ce ?



Scène VIII.


M. DE VERTPRÉ, LÉON.
(Un domestique suit M. de Vertprè, avec un sac de nuit qu’il pose sur une chaise, et sort. Léon, le dos tourné à la porte, n’aperçoit pas ce jeu de scène.)
m. de vertpré.

Pardon, monsieur, je me trompe probablement.

léon, sans se déranger.

C’est possible, monsieur.

m. de vertpré.

Je croyais entrer chez madame de Vertpré.

léon.

Vous y êtes.

m. de vertpré.

Mais elle n’y est pas, sans doute ?

léon, montrant la chambre de madame de Vertpré.

Si fait, elle est là.

m. de vertpré, allant vers la porte.

Merci !

léon, l’arrêtant.

Pardon ! c’est qu’elle change de robe.

m. de vertpré.

Ah !… et vous d’habit, à ce qu’il paraît ?

léon.

Non, je n’ai pas le bonheur d’en avoir un de rechange, et je me contente de le faire sécher. Il faut vous dire que nous venons tous les deux d’être mouillés jusqu’aux os. Vous permettez, n’est-ce pas ?

(Il se remet à la cheminée.)
m. de vertpré.

Comment donc… (À part.) Qui diable est ce monsieur qui se met si à l’aise chez moi ?

léon.

Vous n’êtes pas mouillé, vous ?

m. de vertpré.

Je suis venu de Paris en cabriolet ; j’étais très-pressé de voir madame de Vertpré.

léon.

Ah ! oui : n’est-ce pas vous qu’elle attend ? Oui, oui, elle attend un monsieur. Je vais la prévenir.

(Il va vers la chambre de madame de Vertpré.)
m. de vertpré.

Comment, vous allez entrer ainsi chez madame de Vertpré pendant qu’elle change de robe ?

léon.

Non, je vais le lui dire à travers la porte.

m. de vertpré.

Merci, j’attendrai.

léon.

Alors, donnez-vous la peine de vous asseoir.

m. de vertpré.

Vous êtes trop bon… Ainsi, madame de Vertpré vous a dit qu’elle m’attendait ?

léon.

Oui, ce matin elle a parlé de cela en l’air.

m. de vertpré.

Elle a ajouté que c’était pour affaires pressantes ?

léon.

Non, elle n’a pas ajouté cela. (Il sonne, un domestique entre.) Joseph ! du bois.