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(Le poussant.)

À l’œuvre !

(À Paula.)

À l’œuvre ! Pour ton mal, enfant, nous trouverons
Des secours ; sois tranquille et nous te sauverons.
Qu’on cherche des secours partout… à l’instant même !

(Revenant à Paula.)

Mais déjà le poison la dévore… Anathème !

(Allant à la porte de la galerie.)

S’il m’échappait !… Mais non… il n’échappera pas ;
La justice de Dieu ralentira ses pas…

(Revenant à Paula.)

Oh ! ne meurs pas, enfant !… Si jeune, si jolie !…

(Voyant les progrès du poison.)

Je vous reconnais bien, poisons de l’Italie !

Mortels !… Enfant !… Mon Dieu !… Quelqu’un accourt… Non, rien !…
(Elle va à la porte.)

Si… c’est un bruit de pas.

(Au père Lebel qui entre.)

Si… c’est un bruit de pas. Eh bien ! mon père ! eh bien !
Est-ce fini ?

LE PÈRE LEBEL.

Est-ce fini ? Fini… C’est donc vous, ô madame…
Après avoir promis de le sauver !…

CHRISTINE.

Après avoir promis de le sauver !… L’infâme !
Le sauver, lui !… non, non… Voyons, est-il puni ?
On tarde bien !… ou tout devrait être fini.

LE PÈRE LEBEL.

J’espérais donc à tort ?

CHRISTINE.

J’espérais donc à tort ? Mon père, il vous réclame !
J’ai condamné son corps… allez sauver son âme,
Allez.

LE PÈRE LEBEL.

Allez. Adieu, madame !

CHRISTINE.

Allez. Adieu, madame ! Adieu, mon père, adieu.
Puissiez-vous arriver encore à temps !

MONALDESCHI.

Puissiez-vous arriver encore à temps ! Ah !

LE PÈRE LEBEL.

Puissiez-vous arriver encore à temps ! Ah ! Dieu !…
Mais non, du meurtrier la vengeance est trompée ;
Le marquis de son sein vient d’écarter l’épée.
Il fuit… il vient à nous… La présence des rois,
Madame, sauve ceux que condamnent les lois.

CHRISTINE, voulant se retirer.

Il ne me verra pas.

LE PÈRE LEBEL, l’arrêtant de force.

Il ne me verra pas. Il vous verra, madame.


Scène VII.

Les précédents ; MONALDESCHI, suivi de SENTINELLI et de deux gardes.
MONALDESCHI, blessé au cou.

À moi ! mon père, grâce !

(Il tombe.)
LE PÈRE LEBEL, à Sentinelli.

À moi ! mon père, grâce ! Arrête, sur ton âme !
Arrête, meurtrier ! ou le Dieu qui m’entend,
De sa foudre, à ma voix, peut t’atteindre à l’instant !

(À Christine.)

Il en est temps encor, madame !

MONALDESCHI, se soulevant le long des lambris.

Il en est temps encor, madame ! Grâce !

PAULA, se relevant au milieu des convulsions.

Il en est temps encor, madame ! Grâce ! Grâce !

(Elle retombe et meurt.)
LE PÈRE LEBEL.

Il ne peut se traîner à vos pieds que j’embrasse ;
Vous le voyez, il est mourant, ensanglanté.
Au nom de Dieu vivant ! que votre Majesté
Daigne à ce malheureux accorder quelque trêve !

CHRISTINE, posant sa main sur le cœur de Paula, qui a cessé de battre.

Eh bien ! j’en ai pitié ; mon père… qu’on l’achève !


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Comme il serait possible que quelques directeurs de provinces désirassent jouer l’ouvrage avec l’épilogue, qui paraît à l’auteur son complément indispensable, il indique ici la variante qui le prépare. Elle porte entièrement sur Paula, qui ne mourait pas d’abord.

Ainsi, après ce vers,

Des secours ; sois tranquille, et nous te sauverons,


Christine dira :

Qu’on appelle Borri, qu’il vienne à l’instant même :
C’est du poison qu’il faut qu’il combatte ! Anathème !
S’il échappait… Mais non… il n’échappera pas ;
La justice de Dieu ralentira ses pas.

(À Borri qui entre.)

Tenez Borri, venez, et répondez-moi d’elle.

BORRI.

Du poison !… Si mon art aujourd’hui m’est fidèle,
J’en réponds.

CHRISTINE, allant à la porte de ta galerie.

Ah ! du bruit… quelqu’un accourt… Non, rien.

(Au père Lebel qui entre.)

Si… c’est un bruit de pas… Eh bien, mon père, eh bien ! etc.


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