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ADÈLE.

On monte l’escalier… on sonne… C’est lui… fuis, fuis !

ANTONY, fermant la porte.

Eh ! je ne veux pas fuir, moi… Écoute… tu disais tout à l’heure que tu ne craignais pas la mort.

ADÈLE.

Non, non… Oh ! tue-moi, par pitié !

ANTONY.

Une mort qui sauverait ta réputation, celle de ta fille ?

ADÈLE.

Je la demanderais à genoux.

UNE VOIX, au dehors.

Ouvrez… Ouvrez… Enfoncez cette porte…

ANTONY.

Et à ton dernier soupir tu ne haïrais pas ton assassin ?

ADÈLE.

Je le bénirais… mais hâte-toi… cette porte…

ANTONY.

Ne crains rien… la mort sera ici avant lui… Mais songes-y, la mort !

ADÈLE.

Je la demande, je la veux, je l’implore. — (Se jetant dans ses bras.) Je viens la chercher.

ANTONY, lui donne un baiser.

Eh bien ! meurs !

(Il la poignarde.)
ADÈLE, tombant dans un fauteuil.

Ah !…

(Au même moment la porte du fond s’enfonce ;
le colonel d’Hervey se précipite sur le théâtre.)



Scène IV

 

Le Colonel D’HERVEY, ANTONY, ADÈLE, plusieurs domestiques.
LE COLONEL.

Infâme !… que vois-je ?… Adèle !… morte !…

ANTONY.

Oui ! Morte ! Elle me résistait, je l’ai assassinée !…

(Il jette son poignard aux pieds du colonel.)