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de chœur en surplis blanc et un encensoir à la main, qui, à un signal donné, se tournaient vers l’amphitryon et l’enveloppaient d’un nuage d’encens.

« C’est, disait alors Grimod de la Reynière fils, pour vous éviter d’encenser le maître de la maison, ainsi qu’avaient l’habitude de le faire les convives de monsieur mon père. »

Au milieu de cette scène rentrèrent M. et Mme Grimod de la Reynière.

On peut juger de leur colère et de leur humiliation, en se voyant ainsi bafoués par leur fils.

Une lettre de cachet leur en fit raison, et exila le mauvais plaisant en Lorraine.

Mais il n’y était pas depuis six mois que son père mourut, forcé, à son grand regret, de lui laisser son immense fortune.

Ce fut alors qu’il résolut, pour s’amuser, de publier l’Almanach des Gourmands, dont, pendant huit ans, il soutint la publication et la vogue à lui tout seul.

Vous vous rappelez certainement un des hommes les plus agréables de figure et de manières que nous ayons connus, M. le marquis de Cussy. Celui-là était un de ces apôtres auxquels il ne manque rien pour faire des prosélytes ; sa religion portait avec une égale reconnaissance, affectueuse et pleine de respect, sur les bienfaits qu’il avait reçus de Marie-Antoinette, et sur l’affection que lui témoignait Napoléon. Un des types les plus élégants de la gastronomie de l’époque, il en a été le dernier. C’était un véritable gentilhomme, qui avait d’abord dépensé une immense fortune patrimoniale et de magnifiques émoluments : il croyait à la durée de l’empire napoléonien. Lorsque le dieu fut renversé, quoiqu’il n’eût ni rentes ni économies, il ne chercha point d’autre autel, et il fut chargé de reconduire Marie-Louise à Vienne.

Marie-Louise l’aimait beaucoup, charmée par ses belles manières ; mais lui, lorsqu’il s’aperçut qu’elle n’aimait point Napoléon, qu’elle paraissait même ravie de la façon dont les choses avaient tourné, il demanda, malgré les instances qu’on lui faisait pour rester à Parme, la permission de revenir à Paris.