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de Saül, et assurent que Salomon avait des verres à boire.

Du temps de Phèdre et d’Aristote, quatre siècles à peu près avant Jésus-Christ, le vin se conservait dans des amphores de terre cuite contenant vingt-huit litres à peu près, ou dans des peaux de bouc où le vin se desséchait tellement qu’on était obligé de les racler, et de faire dissoudre, pour le boire, ce liquide coagulé.

En Espagne il se conserve encore ainsi ; ce qui lui donne un goût abominable que les Espagnols prétendent être un fumet aussi appétissant que celui de notre bourgogne et de notre bordeaux. En France d’ailleurs, il n’est aucunement question de bouteilles avant le XIVe siècle.

Quant aux épices, qui forment aujourd’hui le condiment principal de toutes les sauces, elles commencèrent à devenir un peu plus communes en France lorsque Christophe Colomb eut découvert l’Amérique, et Vasco de Gama la route du Cap.

Mais, en 1263, elles étaient encore si rares et si précieuses, que l’abbé de Saint-Gilles en Languedoc, ayant une grande faveur à demander au roi Louis le Jeune, ne crut pouvoir mieux le séduire qu’en faisant accompagner son placet par des cornets d’épices.

On appelait épices, et cette locution s’est conservée, les cadeaux qu’on faisait aux juges.

Dans un pays presque entouré par la mer, comme la France, le sel entra tout d’abord, et de toute antiquité, dans l’assaisonnement de la viande et des légumes.

Le poivre, au contraire, n’est connu que depuis cent quinze ou cent vingt ans : M. Poivre, natif de Lyon, le transporta de l’île de France à la Cochinchine. Avant cette conquête, il se vendait au poids de l’or ; et les épiciers qui étaient assez heureux pour en posséder quelques onces inscrivaient sur le devant de leur magasin : Épicier, Poivrier.

Il paraît que le poivre n’était pas si rare chez les anciens Romains, puisque dans le tribut qu’Alaric leva sur Rome il y en avait trois mille livres.

Les facultés intellectuelles parurent s’élever, par l’impulsion des épices, à une plus longue surexcitation. Est-ce aux épices que