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Chez Homère, — et ses héros ont bon appétit, — les Grecs et les Troyens mangent assis et sur des siéges séparés.

Quand Ulysse arrive au palais d’Alcinoüs, le prince lui fait apporter une chaise magnifique et ordonne à son fils Laodamas de lui faire place.

Les Égyptiens, dit Apollodore dans Athénée, s’asseyaient à table pour manger.

Enfin, à Rome, l’on s’assit à table jusqu’à la fin de la seconde guerre punique, qui se termina deux cent deux ans avant Jésus-Christ.

Ce furent les Grecs qui donnèrent l’exemple de ce luxe incommode. Ils faisaient, de temps immémorial, de splendides festins, couchés sur des lits magnifiques.

Hérodote décrit un de ces festins, qui lui a été raconté par Thersandre, un des convives. Ce festin est celui qui fut donné par le Thébain Ortagène, quelques jours avant la bataille de Platée.

Il y eut ceci de remarquable, qu’il y invita le général perse Mardonius et les principaux d’entre les Perses, jusqu’au nombre de cinquante.

À ce repas, cinquante lits tinrent dans la même chambre, et sur chacun de ces lits étaient couchés un Grec et un Perse.

Or, la bataille de Platée a eu lieu quatre cent soixante-dix-neuf ans avant Jésus-Christ.

La mode des lits était donc en vogue chez les Grecs deux cent soixante-dix-sept ans au moins avant de l’être chez les Romains.

Varon, le savant bibliothécaire, nous apprend que les convives étaient d’habitude trois ou neuf chez les Romains. Autant que les Grâces, pas plus que les Muses.

Chez les Grecs, les convives étaient quelquefois sept, en l’honneur de Pallas.

Ce chiffre sept, stérile dans la supputation, était consacré à la déesse de la Sagesse, comme le symbole de la virginité.

Mais c’était surtout le nombre dix que les Grecs aimaient, parce qu’il était rond.

Platon était pour le nombre vingt-huit, en faveur de Phœbé, qui accomplit son cours en vingt-huit jours.