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prophétisait dans ses moments perdus, et dont les prophéties faisaient rire, en attendant qu’elles fissent trembler.

Ce jeune homme, c’était Daniel.

Élevé à la cour du roi, il étudiait pour être mage.

À peine eut-il lu les trois mots, qu’il les expliqua, comme si la langue que Jéhovah parlait à Balthazar était sa langue maternelle.

Mané voulait dire compté ;

Thécel, pesé ;

Et Pharès, divisé.

Mané : Dieu a compté les jours de ton règne et en a marqué l’accomplissement ;

Thécel : Tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé trop léger ;

Pharès : Ton royaume a été divisé et il a été donné aux Mèdes et aux Perses.

Cette explication fut suivie d’une admonestation de Daniel à Balthazar sur son sacrilège et son impiété, et se termina par la prédiction de sa mort prochaine.

En effet, dans la nuit, Cyaxare et Cyrus s’emparèrent de Babylone et mirent à mort Balthazar.

C’est à la même époque qu’il faut faire remonter ce terrible mangeur que l’on appelait Milon de Crotone. Mais celui-là, au lieu de faire écrouler les palais comme Balthazar, les soutenait.

Il était de la petite ville de Crotone, voisine et rivale de Sybaris.

Un jour, les deux voisines se brouillèrent. Milon jeta sur ses épaules une peau de lion, prit une massue, se mit à la tête de ses compatriotes, et, dans une seule bataille, écrasa l’élite de ces beaux jeunes gens que le pli d’une feuille de rose empêchait de dormir et qui avaient fait tuer, à une lieue à la ronde de Sybaris, tous les coqs, qui, en chantant, les empêchaient de reposer.

Six fois Milon remporta la victoire aux jeux Pythiques, et sept fois aux jeux Olympiques. Il montait sur un disque que l’on avait huilé pour le rendre glissant, et les plus vigoureux ne pouvaient, non-seulement le faire descendre, mais l’ébranler par