Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
BEIGNETS.



BEILCHE. — «On prend une sous-noix de bœuf assez mortifiée pour être bien tendre, on en enlève toute la graisse, on la coupe à distance égale en sept ou huit morceaux sans détacher les tranches qui continuent de tenir à un centre commun, on les entr’ouvre seulement de manière à introduire dans chacune d’elles une bonne pincée de sel mélangée de poivre fin ; puis on place ladite sous-noix découpée et assaisonnée comme il est dit, dans une grosse terrine à couvercle ; on y met immédiatement sur la viande, douze ou quinze pommes de terre crues qu’on a pelées comme on pèle des pommes et qu’on a légèrement saupoudrées de sel blanc ; il est important de se procurer pour que rien ne manque à ce plat, des pommes de terre d’Irlande à pulpe farineuse, à forme ronde et de couleur jaune paille. On recouvre la terrine, on en calfeutre le couvercle avec de la pâte, et l’on établit cet appareil dans un coin de cheminée sur un monceau de cendre chaude, sur lequel on entretient pendant quatre heures un grand feu de charbon ardent.» Les Westphaliens ont presque tous pour cet usage un grand pot en vieille argenterie et qui s’appelle, le plat aux beilches. Il faut avoir goûté ce vieux mets teutonique pour savoir combien il mériterait dans tous les pays du monde la réputation qu’il n’a qu’en Westphalie.

BEIGNETS. — D’un mot celte qui signifie enflure ou tumeur. C’est aux croisades que nous avons fait la connaissance des beignets. Le sire de Joinville nous apprend qu’en rendant la liberté à saint Louis, les Sarrasins lui présentèrent des beignets. Le beignet est une sorte de pâte frite à la poêle et qui enveloppe ordinairement une tranche de quelque fruit. Nous empruntons à Carême la manière de faire cette pâte :

Pâte à frire à la Carême'. — «Mettez dans une petite terrine 360 grammes de farine tamisée que vous délayez avec de l’eau à peine tiède, où vous aurez fait fondre 60 grammes de beurre fin ; vous inclinez la casserole et vous soufflez sur l’eau afin de verser le beurre le premier. Vous versez assez d’eau de suite pour délayer la pâte de consistance mollette et sans grumeaux ; autrement lorsqu’on la rassemble trop ferme, la pâte se corde et fait toujours mauvais effet à la poêle : elle est grise et com-