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HISTOIRE DE MES BÊTES.

singes et des perroquets, mais cent francs, pour deux créatures pareilles, me parurent un bon marché inouï.

— Seulement, je dois vous dire en honnête homme, continua le marchand, que le perroquet ne parlera probablement jamais.

Cela doublait son prix à mes yeux. J’aurais donc un perroquet qui ne me bredouillerait pas éternellement aux oreilles son inévitable « As-tu déjeuné, Jacquot ? »

— Ah ! diable ! repris-je, voilà qui est fâcheux.

Mais à peine eus-je dit ce mot, que j’eus honte de moi-même : j’avais menti, — et menti dans l’espérance d’obtenir une diminution, tandis que le marchand avait dit la vérité, au risque de déprécier sa marchandise.

Aussi, emporté par le remords :

— Tenez, lui dis-je, je ne veux pas marchander avec vous, je vous en donne quatre-vingts francs.

— Prenez-les, dit sans la moindre hésitation le marchand.

— Ah ! mais, entendons-nous, fis-je en voyant que j’étais volé, quatre-vingts francs avec la cage de la guenon et le bâton du perroquet.

— Dame, fît le marchand, ce n’était pas nos conventions, mais je ne peux rien vous refuser. Ah ! vous pouvez vous vanter de m’avoir amusé, vous, avec votre Capitaine Pamphile. Allons, allons, il n’y a rien à dire, vous connaissez les animaux, et j’espère que ceux-là ne seront pas malheureux chez vous. Prenez la cage et le bâton.

La cage et le bâton valaient bien quarante sous.

Selon l’invitation du marchand, je pris la cage et le bâton, et