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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Mademoiselle Desgarcins était une guenon macaque de la plus petite espèce. Le lieu de sa naissance était inconnu ; mais, en s’en rapportant à la classification de Cuvier, elle devait être née sur le vieux continent.

La façon dont elle était passée entre mes mains était des plus simples.

J’étais allé faire un petit voyage au Havre ; — dans quel but ? je serais fort embarrassé de le dire ; — j’étais allé au Havre, peut-être bien pour voir la mer. Une fois arrivé au Havre, j’avais éprouvé le besoin de revenir à Paris.

Seulement, on ne revient pas du Havre sans en rapporter quelque chose.

Il s’agissait de savoir ce que je rapporterais du Havre.

J’avais le choix entre les joujoux d’ivoire, les éventails chinois et les trophées caraïbes.

Rien de tout cela ne me séduisait absolument.

Je me promenais donc sur le quai comme Hamlet,

Triste et les bras pendants dans mon rôle et ma vie.


lorsque je vis, à la porte d’un marchand d’animaux, une guenon verte et un ara bleu.

La guenon avait passé sa patte à travers les barreaux de sa cage et m’avait attrapé par le pan de ma redingote.

Le perroquet bleu tournait la tête et me regardait amoureusement avec son œil jaune, dont la prunelle se rétrécissait et se dilatait avec une expression des plus tendres.

Je suis fort accessible à ces sortes de démonstrations, et ceux de mes amis qui disent me connaître le mieux prétendent, pour