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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Mouton grognait comme pour un homme, mais ce grognement était immédiatement suivi d’un coup de gueule envoyé avec la rapidité d’un coup droit.

Si le chien contre lequel était dirigé le coup de gueule, se trouvait à la portée de Mouton, malheur à lui ! c’était un chien écloppé pour le reste de ses jours.

S’il avait le bonheur, par un mouvement rapide, par une feinte, par la fuite, d’échapper à la gueule terrible, et que cette gueule n’eût mordu que le vide, alors on entendait les mâchoires de Mouton se refermer avec un bruit de dents, qui rappelait celui des lions de M. Martin, attendant leur nourriture.

Le lendemain de ma troisième sortie avec Mouton, je reçus un avis officieux du maire de Saint-Germain.

Il m’invitait à faire emplette d’une chaîne et à la mettre au cou de Mouton quand je sortirais avec lui.

J’avais aussitôt fait acheter cette chaîne, afin de me soumettre, en bon administré, à l’avis municipal.

Seulement, Michel oublia constamment d’acheter un collier.

Or, vous allez voir comment l’oubli de Michel me sauva probablement la vie.