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XII

où l’auteur laisse entrevoir une catastrophe.


Je vous ai dit tout à l’heure : « Vous savez maintenant ce qu’était Mouton. »

Je me trompais, vous ne le savez pas.

Vous connaissez son physique, c’est vrai ; mais qu’est-ce que le physique des gens !

C’est le moral qui importe.

Si, pour connaître les gens, il suffisait de connaître leur physique, alors, quand Socrate disait à ses disciples : « Le premier précepte de la sagesse est celui-ci : Connais-toi toi-même, » ses disciples se seraient tout simplement regardés dans un miroir d’acier ; ils auraient vu qu’ils avaient les cheveux roux ou châtains, les yeux bleus ou noirs, le teint blanc ou brun, les joues maigres ou grasses, la taille fine ou épaisse, et, une fois qu’ils eussent vu cela, ils se seraient connus !

Mais ce n’était point cela que voulait dire Socrate, par ce fameux γνωθί σεαυτον ; il voulait dire : « Descends dans ton for intérieur, examine ta conscience, et sache ce que tu vaux mora-