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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Je ne me réservai qu’un petit pavillon à verres de couleur, à la muraille duquel j’avais fait adapter une table, et qui, l’été, me servait de cabinet de travail.

Je prévins mes visiteurs qu’il y avait dans la maison un nouveau commensal nommé Mouton, et les avertis qu’ils n’eussent pas trop à se fier à son nom, son nom m’étant familier, mais ses mœurs m’étant inconnues.

Je le leur montrai, assis dans une allée, et dodelinant, à la manière des ours blancs, une tête où deux yeux phosphorescents jetaient une flamme rouge comme le reflet de deux escarboucles.

Au reste, pourvu qu’on ne lui cherchât point querelle, Mouton restait parfaitement inoffensif.

Je chargeai Alexandre de faire les honneurs du tout.

Quant à moi, il ne s’agissait pas de m’amuser, il s’agissait de faire mes trois feuilletons.

Je ne dis point une mes feuilletons ne m’amusent pas à faire : mais, en les faisant, je ne m’amuse pas à la façon dont s’amusent ceux qui n’en font pas.

On se répandit dans le jardin, et chacun choisit, selon son caprice, qui les singes, qui la volière, qui la serre, qui les poules.

Moi qui étais vêtu en chasseur, je montai à ma chambre, afin de me vêtir à la fois en hôte et en travailleur.

Vous saurez, autant que la chose peut vous intéresser, qu’été comme hiver, je travaille sans gilet et sans redingote, en pantalon à pieds, en pantoufles et en manches de chemise.

La seule différence que la succession des saisons amène dans