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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Ah ! dit Michel, vous avez le temps de tailler les branches. Vatrin tailla les branches.

Puis, quand les branches furent taillées, il s’approcha avec précaution, prit ses mesures et envoya son coup de bâton au milieu de la touffe d’herbe où gîtait le lapin.

On vit à l’instant le ventre blanc de la pauvre bête, laquelle battait l’air de ses quatre pattes.

Pritchard voulait se précipiter sur le lapin ; mais Vatrin était là, et, après une lutte d’un instant, force resta à la loi.

— Mettez-moi ce gaillard-là dans votre poche, Michel ; c’est la gibelotte promise.

— Il a un fier râble, dit Michel en l’engouffrant entre la doublure et le drap de sa redingote.

Dieu sait combien de lapins cette poche avait déjà vus !

Vatrin chercha Pritchard pour le féliciter.

Pritchard avait disparu.

— Où diable est-il donc ? demanda Vatrin.

— Où il est ? dit Michel. Ce n’est pas difficile à deviner : il en cherche un autre.

C’était vrai ; nous nous mîmes en quête de Pritchard.

Au bout de dix minutes, nous tombâmes sur lui.

— Un roc, quoi ! dit Michel : voyez.

Effectivement, Pritchard arrêtait avec la même conscience que la première fois.

Vatrin s’approcha.

— Voilà le lapin, dit-il.

— Allons, Vatrin, cette fois-ci, vous avez votre bâton tout coupé.