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HISTOIRE DE MES BÊTES.

campagne à trois cents pas de son maître, d’être obligé de chasser sous le canon de son fusil !

J’étais convaincu, dans mon for intérieur, que Pritchard ne s’y soumettrait jamais.

Vatrin prétendait qu’il en avait réduit de plus indociles.

Michel disait prudemment :

— Il faudra voir.

Ce fut bientôt vu.

Au premier arbre qu’il rencontra, Pritchard fit trois tours autour du tronc, et demeura arrêté.

— Avez-vous vu une brute pareille ? dit Vatrin.

Et, faisant autant de tours qu’en avait fait Pritchard, il le dégagea.

On se remit en route.

Au second arbre qu’il rencontra, Pritchard fit trois autres tours autour du tronc, et se retrouva engagé de nouveau.

Seulement, au lieu de faire les trois tours à droite, comme la première fois, Pritchard avait fait les trois tours à gauche.

Un servent instructeur dans la garde nationale n’aurait pas commandé la manœuvre avec plus de régularité.

Il est vrai que ses hommes, selon toute probabilité, l’eussent exécutée moins adroitement.

— En voilà une double brute ! dit Vatrin.

Et Vatrin fit à gauche, autour du second arbre, autant de tours qu’il en avait fait à droite autour du premier, et dégagea Pritchard.

Au troisième arbre qu’il rencontra, Pritchard en fit autant.

— En voilà une triple brute ! dit Vatrin.