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HISTOIRE DE MES BÊTES.

C’est ce qu’on appelle chasser sous le canon du fusil.

Tant que la corde ne se tend pas, les pointes des clous se contentent de chatouiller agréablement le cou de l’animal.

Mais, si l’animal s’emporte, alors la corde se tend violemment, et, comme les clous lui entrent immédiatement dans la gorge, l’animal s’arrête en poussant un cri plus ou moins accentué, selon que les clous entrent plus ou moins avant.

Il est rare que, quand l’animal a été arrêté ainsi une centaine de fois, il ne comprenne pas que cette correction a pour but de l’empêcher de pointer.

D’abord, on le déshabitue peu à peu.

On commence par laisser traîner la corde derrière lui avec un bâton de huit ou dix pouces lié en travers ; le bâton, en traînant lui-même à travers les broussailles, le trèfle ou la luzerne, oppose à la course de l’animal un certain obstacle qui lui fait comprendre qu’il est dans son tort.

Puis on laisse traîner la corde sans bâton.

C’est la seconde période de l’éducation. L’obstacle étant moins grand, la douleur qu’éprouve l’animal est moins vive.

Puis on enlève la corde pour ne laisser que le collier, lequel procure à l’animal ce chatouillement dont nous avons parlé, chatouillement qui, sans être désagréable, lui rappelle seulement que le collier existe, que le collier est là, que son épée de Damoclès continue de le menacer.

Enfin, quitte à le remettre à l’animal dans les grandes occasions, on finit par enlever le collier ; l’éducation est faite ou à peu près.

C’était par cette terrible épreuve que devait passer Pritchard.

Jugez quelle humiliation pour un pointer, habitué à battre la