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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Puis ne vous fâchez pas si je doute que votre cuisinière sache faire les omelettes.

Vous avez un cordon bleu ?

Raison de plus ! L’omelette est un plat de femme de ménage, de fermière, de paysanne, et non pas un plat de cordon bleu ! Une omelette et une fricassée de poulet, c’est ce que je fais d’abord exécuter à mon cuisinier ou à ma cuisinière quand je les essaye.

— Mais aussi qui mange des omelettes ?

Oh ! quelle erreur, belles lectrices ! Ouvrez Brillât-Savarin, article Omelette, et lisez le paragraphe intitulé : Omelette aux laitances de carpe.

Une omelette ! demandez aux vrais gourmands ce que c’est qu’une omelette.

J’aurais fait faire dix lieues à mon maître de violon pour manger une omelette au court bouillon d’écrevisses et une salade au lard.

— Vous avez donc eu un maître de violon ?

— Comment ! si j’ai eu un maître de violon ?… pendant trois ans ; voyez mes Mémoires.

— Mais je n’ai jamais entendu dire que vous jouiez du violon.

— Je n’en joue pas non plus ; mais cela n’empêche pas que je n’aie appris à jouer du violon ; voyez mes Mémoires.

— Il fallait vous entêter.

— Oh ! je ne suis ni M. Ingres ni Raphaël pour avoir de ces entêtements-là.

Enfin, pour en revenir à l’omelette de madame Vatrin, elle