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HISTOIRE DE MES BÊTES.

mais ce dont je suis sûr, c’est que c’était à un endroit que je n’eusse pu sucer, de quelque souplesse de corps que m’eût doué la Providence.

Je fus encore plus écrasé que la première fois.

— Eh bien, monsieur n’aurait qu’à attraper la vipère, lui écraser la tête, lui ouvrir le ventre, prendre son amer, et s’en frotter… l’endroit ; deux heures après, il serait guéri.

— Vous êtes sûr, Michel ?

— Bon ! je crois bien que j’en suis sûr : c’est M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire qui me l’a dit, la dernière fois que j’ai été chercher des œufs au Jardin des Plantes ; vous ne direz pas que ce n’est pas un savant, celui-là !

— Oh ! non, Michel, vous pouvez être tranquille, je ne dirai pas cela.

Michel a une foule de recettes, toutes plus efficaces les unes que les autres et qu’il puise à différentes sources. Je dois dire que toutes les sources où puise Michel ne sont pas aussi respectables que la dernière qu’il venait de citer.

— La ! dit Corrége.

Cela signifiait que le veau avait subi son opération, et offrait sur ses quatre faces une chair rosée et appétissante de laquelle avait disparu toute trace de la dent de Pritchard.

Après le veau vint l’omelette ; une omelette épaisse, bien colorée, un peu baveuse.

Pardonnez-moi, belles lectrices, mais votre cuisinière, si elle sait faire les omelettes, ce dont je doute, vous dira que c’est là le mot, et que le dictionnaire de Bescherelle, qui contient dix mille mots de plus que celui de l’Académie, n’en connaît pas d’autre.