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HISTOIRE DE MES BÊTES.

blessure à votre chien : il n’y a pas d’emplâtre qui vaille la langue d’un chien.

— À moins qu’il ne soit enragé.

— Ah ! ça, c’est une autre affaire ; mais, si jamais monsieur était mordu par un chien enragé, il faudrait prendre le train de derrière d’une grenouille, le foie d’un rat, la langue…

— Bien, Michel ! si jamais je suis mordu, je vous promets de recourir à votre recette.

— C’est comme si monsieur était jamais piqué par une vipère… En avez-vous jamais vu dans la forêt du Vésinet, monsieur Vatrin ?

— Jamais.

— Tant pis, parce que, si jamais vous êtes mordu d’une vipère, vous n’avez…

Je l’interrompis.

— Qu’à frotter la blessure avec de l’alcali et en boire cinq ou six gouttes étendues dans l’eau.

— Oui ; et si monsieur est à trois ou quatre lieues d’une ville, où trouverait-il de l’alcali ? dit Michel.

— Ah ! dit Corrége, où en trouverez-vous ?

— C’est vrai, fis-je en baissant la tête, écrasé que j’étais sous le poids de l’argumentation, je ne sais pas où j’en trouverais.

— Eh bien, que ferait monsieur ?

— Je ferais comme les anciens psylles, je commencerais par sucer la plaie.

— Et si c’était à un endroit que monsieur ne pût sucer… au coude, par exemple ?

— Je ne répondrais pas que ce fût au coude que dit Michel ;