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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Cré nom !… répéta Vatrin, une pipe si bien culottée !

— Eh bien, Vatrin, vous en culotterez une autre.

— On voit bien que vous ne fumez pas, vous, dit Vatrin ; si vous fumiez, vous sauriez qu’il faut six mois à une pipe pour avoir un peu de goût. Vous fumez, monsieur Corrége ?

— Je crois bien ! seulement, je fume le cigare.

— Ah ! dit Vatrin ; alors, vous ne savez pas ce que c’est qu’une pipe.

Vatrin ouvrit une armoire, et y prit une pipe presque aussi culottée que celle qu’il venait d’avoir le malheur de perdre.

— Bon ! fis-je, mais vous avez une réserve, mon cher Vatrin.

— Oui, dit-il, j’en ai comme cela dix ou douze à des degrés différents ; mais, c’est égal, celle-ci, c’était la favorite !

— Bah ! n’en parlons plus, Vatrin : ce sont les malheurs irréparables qu’il faut surtout oublier.

— Vous avez raison. Goûtez-moi ce petit vin-là, et regardez-le au jour : c’est clair comme du rubis. À votre santé !

— À votre santé, Vatrin.

Et je vidai le verre pour lui faire raison.