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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Il regardait ce que nous faisions, et, probablement, cherchait à deviner ce que nous pensions.

— N’avez pas l’air de le voir, dit Michel, et il va nous suivre. Effectivement, j’eus l’air de ne pas voir Pritchard et Pritchard nous suivit.

En passant, je recrutai Corrége à la station du Vésinet.

Voulez-vous, chers lecteurs, voir un beau nageur et connaître un bon garçon ? Prenez, au chemin de fer de Saint-Germain, un billet pour la station du Vésinet ; arrivés à la station, demandez Corrége.

Comme bon garçon, il se mettra, je vous en réponds, à votre service pour quelque chose que ce soit.

Comme beau nageur, il remontera la Seine avec vous jusqu’à Saint-Cloud, et, si vous le pressez un peu, jusqu’à Paris.

Nous arrivâmes chez Vatrin. Avant d’entrer, je me retournai, et j’aperçus Pritchard, qui se tenait prudemment à une distance de deux cents pas.

Je fis un signe de satisfaction à Michel, et nous entrâmes.

— Femme, dit Vatrin, à déjeuner !

Madame Vatrin jeta un regard d’effroi de notre côté.

— Ah ! mon Dieu ! dit-elle.

— Après ?… fit Vatrin ; nous sommes quatre ? Eh bien, quatre bouteilles de vin, une omelette de douze œufs, le morceau de veau, et chacun une bonne tasse de café, on en verra le jeu.

Madame Vatrin poussa un soupir, non point qu’elle trouvât, l’excellente femme, que nous fussions trop, mais elle craignait de n’avoir point assez.