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HISTOIRE DE MES BÊTES.

dans la narration que j’ai l’honneur de vous faire, je crois que c’est le point juste où nous en sommes qu’il devrait choisir.

Il aurait, au premier plan, quatre personnages groupés pittoresquement : au lointain, Pritchard fuyant, sa côtelette à la gueule : — car il faudrait montrer Pritchard, pour rendre la scène compréhensible ; — enfin, au fond et fermant l’horizon, cette belle ville de Saint-Germain, bâtie en amphithéâtre et présentant tout d’abord, aux yeux du voyageur, comme ce qu’elle a de mieux à nous offrir, le pavillon où accoucha Anne d’Autriche, et la fenêtre de laquelle Louis XIII, tout radieux, montra son fils Louis XIV au peuple.

Vatrin fut le premier à qui revint la parole.

— Ah ! le guerdin ! ah ! le guerdin ! dit-il.

— Mon cher Vatrin, lui répondis-je, je crois que notre chasse est finie pour aujourd’hui.

— Pourquoi cela ? dit Michel.

— Mais parce que nous chassions avec Pritchard, et, puisque nous n’avons plus Pritchard…

— Monsieur croit donc qu’il ne va pas revenir ?

— Dame, Michel, j’en juge par moi-même ; je sais bien, moi, qu’à sa place, je ne reviendrais pas.

— Monsieur ne connaît pas Pritchard. C’est un effronté.

— Alors votre avis, Michel ?

— Allons-nous-en tout tranquillement chez M. Vatrin ; mangeons-y un morceau de pain et de fromage ; et buvons-y un verre de vin, et vous verrez si, dans dix minutes, vous ne sentez pas la queue de Pritchard vous fouailler les mollets.

— Ça y est-il ? dit Vatrin. Justement, la femme a fait cuire un