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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Eh bien, dis-je à Vatrin, nous ne savez pas encore s’il rapporte, mais vous savez déjà qu’il emporte.

La femme nous avait rejoints et voulait s’obstiner à la poursuite de Pritchard.

— Oh ! ma bonne femme, lui dis-je, je crois que vous perdrez votre temps : quand vous rejoindrez Pritchard, si vous le rejoignez, il est probable que la côtelette sera loin.

— Vous croyez ? dit la femme en s’appuyant sur son balai pour reprendre haleine.

— J’en suis sûr.

— Alors, vous pouvez vous vanter de nourrir là un fier voleur.

— Ce matin, ma bonne femme, c’est vous qui le nourrissez, et non pas moi.

— C’est-à-dire… c’est moi, c’est moi… c’est M. Corrége. Eh bien, par exemple, qu’est-ce qu’il va dire, M. Corrége ?

— Il va dire ce que disait Michel : « Il paraît que Pritchard aime la viande saignante. »

— Oui ; mais il ne sera pas content, et ça retombera sur moi.

— Écoutez, je vais le prévenir que je l’emmène déjeuner à la villa Médicis.

— C’est égal, s’il continue, il lui arrivera malheur, à votre chien… je ne vous dis que cela, il lui arrivera malheur.

Et elle étendit son balai dans la direction où avait disparu Pritchard.

Comme on le voit, rien ne manquait à la prédiction de la sorcière, pas même le balai.