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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Bah ! dis-je à Vatrin, continuons de l’appeler Pritchard, allez ! M. Pritchard avait bien aussi son mérite, sans compter qu’il l’a encore.

— Bon ! fit Vatrin, je dis cela parce que je n’ai pas connu Pritchard, et que je connais les autres.

J’appelai Michel.

— Michel, faites-moi donner mes guêtres et mes souliers de chasse ; nous allons aller voir au Vésinet ce que Pritchard sait faire.

— Eh bien, dit Michel, monsieur verra qu’il n’en sera pas si mécontent qu’il croit.

Michel a toujours eu un faible pour Pritchard.

C’est que Michel est tant soit peu braconnier, et que Pritchard, comme on le verra plus tard, était un vrai chien de braconnier.

Nous descendîmes au Vésinet, Michel tenant Pritchard en laisse, Vatrin et moi devisant, non pas comme Amadis, de faits de guerre et d’amour, mais de faits de chasse.

Au tournant de la descente :

— Regardez donc, Michel, dis-je, comme voilà un chien qui ressemble à Pritchard.

— Où donc ?

— Là-bas, sur le pont, à cinq cents pas en avant de nous.

— C’est ma foi vrai, dit Vatrin.

La ressemblance parut si frappante à Michel, qu’il regarda derrière lui.

Pas plus de Pritchard que sur la main.

Pritchard avait coupé délicatement sa laisse avec ses incisives, et, par un détour, avait pris les devants.