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VI

CHASSE AUX CÔTELETTES


Le lendemain, je vis apparaître Vatrin sur les pas de l’aurore.

— Avez-vous jamais vu un guerdin !… me dit-il.

Vatrin avait la tête tellement montée, qu’il avait oublié de me dire bonjour ni bonsoir.

— Vatrin, lui dis-je, je remarque une chose ; c’est que votre brûle-gueule est beaucoup plus court qu’il ne l’a jamais été.

— Je crois bien, dit Vatrin, ce guerdin de Pritchard me met dans de telles colères, que voilà trois fois que j’en écrase le tuyau de ma pipe entre mes dents, que ma femme a été obligée de l’entortiller avec du fil ; sans quoi, qu’il me ruinerait en tuyaux de pipe, ce va-nu-pieds-là !

— Entendez-vous, Pritchard, ce que l’on dit de vous ? fis-je à Pritchard assis sur le parquet.

Pritchard entendait ; mais sans doute ne comprenait-il pas l’importance de l’accusation, car il me regardait de son œil le plus tendre, tout en balayant le parquet avec sa queue.