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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Le lendemain, lorsqu’on ouvrit la porte de la villa Médicis, on trouva Pritchard assis sur le seuil.

Pritchard reçut une seconde volée de coups de fouet, et Michel fut une seconde fois chargé de le reconduire à Vatrin.

Vatrin passa un vieux collier au cou de Pritchard, et mit Pritchard à la chaîne.

Michel revint, m’annonçant cette mesure acerbe, mais nécessaire. Vatrin promettait que je ne reverrais Pritchard que lorsque son éducation serait finie.

Le lendemain, pendant que j’étais en train de travailler dans un petit pavillon situé au plus profond du jardin, j’entendis des abois furieux.

C’était Pritchard qui se battait avec un grand chien des Pyrénées, dont venait de me faire cadeau un de mes voisins, M. Challamel.

J’ai oublié, chers lecteurs, de vous parler de celui-là (le chien des Pyrénées) ; vous me permettrez de revenir sur son compte dans l’un des chapitres suivants. Cet oubli, du reste, serait calculé, qu’il pourrait passer pour une adresse ; car il mettrait au jour une de mes vertus prédominantes : le pardon des injures.

Pritchard, tiré par Michel des dents de Mouton… — on appelait le chien des Pyrénées Mouton, non pas à cause de son caractère : il eût été, sous ce rapport, fort mal nommé ; mais à cause de son poil blanc, fin comme de la laine ; — Pritchard, disais-je, tiré des dents de Mouton par Michel, reçut une troisième volée et fut reconduit pour la troisième fois chez Vatrin.

Pritchard avait mangé son collier !

Vatrin s’est demandé bien des fois comment Pritchard avait