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HISTOIRE DE MES BÊTES.

chiens que pour les briquets. Toute la concession qu’il avait pu faire aux progrès cynégétiques, c’était de passer du braque national, de l’honnête braque de nos pères, gris et marron, à la chienne anglaise à deux nez, blanc et feu.

Mais il n’admettait pas le pointer.

Aussi fit-il toute sorte de difficultés pour se charger de l’éducation de Pritchard.

Il alla jusqu’à m’offrir de me donner un chien à lui, un de ces vieux serviteurs dont un chasseur ne se sépare que pour son père ou pour son fils.

Je refusai : c’était Pritchard que je voulais, et pas un autre.

Vatrin poussa un soupir, m’offrit un verre de vin dans le verre du général, et garda Pritchard.

Il le garda ; pas si bien cependant, que, deux heures après, Pritchard ne fût de retour à la villa Médicis.

J’ai déjà dit qu’à cette époque je n’habitais pas encore Monte-Cristo ; mais j’ai oublié de dire que j’habitais la villa Médicis.

Pritchard fut le malvenu ; il reçut une volée de coups de fouet, et Michel, mon jardinier, concierge, homme de confiance, fut chargé de le reconduire chez Vatrin.

Michel reconduisit Pritchard, et s’informa des détails de la fuite. Pritchard, enfermé avec les autres chiens du garde chef, avait sauté par-dessus la palissade, et il était revenu à la maison de son choix.

La palissade avait quatre pieds ; Vatrin n’avait jamais vu de chien faire un pareil saut.

Il est vrai que jamais Vatrin n’avait eu de pointer.