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HISTOIRE DE MES BÊTES.

et, le rapportant à la maison, le jeta sur la pelouse du jardin.

Le hasard nous servit à souhait ; pendant l’exécution de Catilina, le ciel s’était voilé, comme pendant le festin de Thyeste.

Mais, comme c’eut été trop d’un orage pour un fait aussi secondaire, et que les hommes ont l’orgueil de garder le tonnerre pour eux, la pluie commença de tomber, mais sans foudre ni éclairs.

Cette pluie pénétra peu à peu les membres roidis de Catilina : il les retira à lui les uns après les autres, puis se souleva sur ses quatre pattes ; mais, ne pouvant se soutenir, il s’assit sur son derrière, et demeura immobile, l’œil éteint, et dans un état de profonde stupidité.

— Michel, dis-je, je crois que la leçon a été trop forte.

Michel s’approcha de Catilina, qui ne donna aucun signe d’épouvante à son aspect ; il lui releva les babines, il lui ouvrit et lui referma les yeux, il lui cria son nom aux oreilles.

Rien n’y fit.

— Monsieur, me dit-il, Catilina est devenu gâteux, il faut renvoyer chez Sanfourche.

Sanfourche, comme on sait, est l’Esquirol des chiens — Le jour même, Catilina fut conduit chez Sanfourche.