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HISTOIRE DE MES BÊTES.

poule ; puis, la croyant morte, il se remettait à courir. Mais, ta ce repos d’un instant, il n’avait gagné qu’une douleur plus intense. Il commença de pousser des cris qui m’impressionnèrent, mais qui ne purent rien sur l’implacable Michel. Complètement fou, Catilina se jetait dans les piles de bois, dans les murailles, disparaissait, reparaissait, toujours courant d’une course plus effrénée jusqu’à ce que enfin, haletant, épuisé, vaincu, ne pouvant faire un pas de plus, il se coucha sur la terre avec un profond gémissement.

Michel alors s’approcha de lui, fit une nouvelle pesée avec son couteau sur le morceau de bois, qu’il tira de la queue sanglante, de l’animal, sans que celui-ci parût éprouver une amélioration à la fin de son supplice.

Je crus Catilina mort.

Je m’approchai de lui ; ses membres étaient roides comme le sont ceux d’un lièvre forcé par les lévriers ; l’œil seul était ouvert, et conservait cette étincelle de vie qui indique plutôt la volonté que la puissance.

— Michel, dis-je, prenez un pot à l’eau, et videz-le-lui sur la tête.

Michel regarda autour de lui. Dans une espèce de bac, il vit de l’eau, en apporta ce que ses deux mains pouvaient en contenir, et la jeta sur la tête de Catilina.

Celui-ci éternua, secoua la tête, mais ce fut tout.

— Ah ! Monsieur, dit Michel, voilà bien des façons pour un brigand comme celui-là. Emportons-le à la maison, et, s’il revient, il reviendra.

Et, sur ces mots, Michel prit Catilina par la peau du cou,