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HISTOIRE DE MES BÊTES.

gré le meurtre de la veille et le massacre du matin, je m’étais rendormi.

— C’est prêt, Monsieur, me dit-il.

— Ah diable ! fis-je, il faut que je me lève, alors ?

— Oui, Monsieur, à moins que monsieur ne désire voir la chose de sa fenêtre. Mais monsieur verrait mal.

— Où l’exécution se passe-t-elle, Michel ? car je présume qu’il y a exécution.

— Dans le chantier à côté.

— Eh bien, Michel, descendez ; je vous suis.

Je passai un pantalon à pieds et une veste, je mis mes pantoufles et je descendis.

Je n’avais qu’à sortir de ma porte et à entier dans le chantier voisin.

Je trouvai Michel traînant d’une main, par sa chaîne, Catilina, et tenant de l’autre un instrument dont j’eus d’abord toutes les peines du monde à me rendre compte.

C’était une traverse de bois vert, fendue par le milieu, et à laquelle par le col était attachée une poule noire, la seule de cette couleur.

— Si monsieur veut voir les victimes, dit Michel, elle sont rangées sur la table de la salle à manger.

Je jetai un coup d’œil sur la table, et, en effet, je vis toute ma pauvre famille emplumée, sanglante, mutilée, tachée de boue.

Mon regard se reporta de la table sur Catilina, que ce spectacle douloureux paraissait laisser complètement indifférent.

Ce manque de cœur me détermina.