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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Et Michel essuya une larme avec sa manche.

— Pauvre Pritchard, c’est pas lui qui aurait fait une chose pareille !

— Eh bien, voyons, Michel, que décidez-vous dans une circonstance aussi terrible ?…

— Moi, Monsieur, je vous avoue que, ce matin, j’ai été sur le point de prendre le fusil de monsieur et d’en finir avec ce gueux de Catilina.

— Michel, Michel, de pareilles extrémités sont bonnes pour Cicéron, qui était un avocat, qui avait peur, et qui voulait assurer le triomphe de la toge sur les armes ; mais, nous autres qui sommes des chrétiens, nous savons que Dieu veut le repentir et non la mort du pécheur.

— Vous croyez que Catilina se repentira jamais, Monsieur ? Ah bien, oui ! il est prêt à recommencer. Hier, Pritchard ; aujourd’hui, les poules ; rien ne l’arrêtera plus, Monsieur !… Demain, ce sera moi ; après-demain, ce sera vous.

— Mais enfin, Michel, puisque vous avez un moyen de guérir les chiens de la manie de manger les poules, essayons d’abord de ce moyen-là. Si Catilina persiste, il sera toujours temps d’en venir aux extrémités.

— C’est le dernier mot de monsieur ?

— Oui, Michel.

— Eh bien, alors, quand ce sera prêt, je préviendrai monsieur. Michel descendit.

Une demi-heure après, je sentis que l’on me secouait rudement par l’épaule.

C’était Michel qui me réveillait, car je dois avouer que, mal-