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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Vatrin a trois manières de saluer.

Pour moi, par exemple, il se contente de lever son chapeau et de le remettre sur sa tête.

Pour un supérieur, il ôte son chapeau et parle son chapeau à la main.

Pour un prince, il ôte son chapeau de sa tête et sa pipe de sa bouche.

Ôter sa pipe de sa bouche est le plus haut signe de considération que puisse donner Vatrin.

Toutefois, sa pipe ôtée, il n’en desserre pas pour cela les dents d’une ligne ; au contraire : les deux mâchoires, n’ayant plus rien qui les sépare, se rejoignent comme sous l’impulsion d’un ressort, et, au lieu que le sifflement diminue, le sifflement augmente, le son n’ayant plus, pour passer, la petite ouverture pratiquée par le tuyau de sa pipe.

Avec tout cela, rude chasseur au poil et à la plume, manquant rarement son coup, tirant la bécassine comme vous et moi pouvons tirer le faisan ; connaissant ses passées, ses brisées, ses traces ; vous disant, à la première inspection, à quel sanglier vous avez affaire, si c’est une bête rousse, un tiéran, un ragot, un solitaire ou un quartanier ; reconnaissant la laie du sanglier, vous disant, à l’élargissement de sa pince, si la laie est pleine et de combien elle est pleine ; enfin, tout ce que la curiosité du chasseur désire savoir avant l’attaque de l’animal.

Vatrin regarda donc Pritchard, et dit : « Bon ! encore un Englishman ! »

Pritchard était toisé.

Vatrin n’admettait pas beaucoup plus le progrès pour les