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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Michel, comme toujours, fut chargé du soin des quadrupèdes et des bipèdes.

Le soir, pendant que ma fille et moi prenions le frais dans le jardin, il vint me trouver, tournant sa casquette entre ses doigts, ce qui était le signe évident qu’il avait quelque chose d’important à me dire.

— Qu’y a-t-il, Michel ? lui demandai-je.

— Monsieur, me dit-il, il m’est venu une idée en conduisant Pritchard et Flore dans la cour aux poules : c’est que nous n’avons pas d’œufs, parce que Pritchard les mange, comme monsieur a pu le voir à Saint-Bris ! et Pritchard les mange parce qu’il est en communication directe avec les poules.

— Il est évident, Michel, que, si Pritchard ne pouvait pas entrer dans le poulailler, il ne mangerait pas les œufs.

— Eh bien, il me semble à moi, continua Michel, que, si on mettait Catinat, — qui est un animal sans éducation, à ce que je crois, mais qui n’est pas un filou comme cette canaille de Pritchard, — il me semble que, si on mettait Pritchard et Flore dans l’écurie, et que l’on mit Catinat dans la cour aux poules, tout irait mieux.

— Savez-vous ce qui arriverait, Michel ? dis-je. C’est que Catinat pourrait peut-être ne pas manger les œufs, mais qu’il pourrait bien manger les poules.

— Si un malheur comme ça lui arrivait, j’ai un moyen de le guérir pour toute son existence de l’envie de manger des poules.

— Oui, Michel ; mais, en attendant, les poules seraient mangées.