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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Il nous parut cependant que Catinat saignait du cou, cela se voyait facilement sur son poil blanc.

Quant à Pritchard, son poil bariolé ne permettait pas qu’on vît ses blessures, s’il en avait reçu.

Pour l’intelligence des événements qui vont suivre, il est indispensable que je donne une idée topographique de ce que l’on pouvait appeler les communs du petit hôtel de la rue d’Amsterdam.

La grande porte, qui donnait d’un coté sur la rue, donnait de l’autre côté sur une espèce de jardin plus long que large, au fond duquel j’avais trouvé des remises, une écurie et une seconde cour à fumier. Comme, depuis la révolution de 1848, je n’avais plus ni chevaux ni voitures, j’avais converti les remises en un grand bureau, l’écurie en une espèce de magasin dans lequel on mettait tous les débarras, et la seconde cour au fumier en une cour à poules où perchaient, caquetaient, pondaient, mes onze poules et mon coq César, et où, dans une immense niche, véritable palais, avait jusque-là trôné Pritchard.

La familiarité de Pritchard avec les poules ne s’était jamais démentie. — On a vu, du reste, dans le coup d’œil jeté sur le poulailler de Charpillon, le profit qu’il en tirait ; à partir de ce jour, la stérilité de mes poules m’était expliquée.

Pritchard reprit sa place dans la cour aux poules, et, comme la niche était assez grande pour lui et pour Flore, Flore, en sa qualité d’épouse, partagea sa niche.

Catinat fut réintégré dans l’écurie, où il avait été installé d’abord, et de laquelle mon arrivée l’avait fait sortir.