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HISTOIRE DE MES BÊTES.

elle devait me l’envoyer, ou bien, jusqu’à mon retour, le laisser dans l’écurie, où elle l’avait mis.

Je lui répondis de laisser Catinat où il était, c’est-à-dire dans l’écurie, vu que, le surlendemain, je comptais être de retour à Paris.

Le lendemain, à mon réveil, Michel m’annonça que, selon toute probabilité, nos désirs seraient comblés relativement à la descendance de Pritchard. Il me donnait, en conséquence, le conseil, afin que Flore ne fût pas distraite par les caresses de son époux, de l’emmener seule en laissant Pritchard à la niche. Nous jugerions en même temps de ce qu’elle pourrait taire.

L’avis était bon. Nous nous mîmes en chasse avec Flore, malgré les cris désespérés de Pritchard.

Flore était une honnête chienne, n’ayant ni grands défauts, ni grandes qualités ; bien certainement, sans le hasard qui fit qu’elle me rencontra sur son chemin, sa vie serait restée dans l’obscurité la plus complète, dont sa mort, quelle qu’elle fût, n’aurait pu la tirer.

Une de ses qualités était, par bonheur, de chasser sous le canon du fusil.

En somme, je fus fort content de l’acquisition. Flore était une de ces chiennes qu’on vend cent vingt francs la veille de l’ouverture de la chasse et quarante francs le lendemain du jour où elle est fermée. Pritchard fit grande fête à Flore au retour de la chasse.

C’était un chien de race qui voulait, à force de bonnes façons, faire oublier ses infirmités et ses blessures.