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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Et, en effet, Pritchard, qui n’avait pas une juste idée de ses infirmités, ou qui avait remarqué que, chez les animaux comme chez les hommes, les femelles ont souvent de singuliers caprices, Pritchard faisait le beau, sur ses trois pattes, lorgnant Flore du seul œil qui lui restât, et agitant triomphalement le plumet qui lui servait de queue.

— Monsieur ne le croit pas ? me dit Michel.

— Qu’est-ce que je ne crois pas, Michel ? Il me semble que vous n’avez rien avancé.

— Eh bien, je dis qu’avec une chienne raisonnable comme Flore paraît l’être, chassant sous le fusil, comme elle doit chasser, je parie que Pritchard et elle, ça ferait de fameux chiens.

— Croyez-vous que Charpillon n’y ait pas mis bon ordre, Michel ?

— Ah bien, oui, monsieur ! ça n’a fait que l’exciter.

— Michel, Michel…

— D’ailleurs, il n’y a qu’à les laisser ensemble ; monsieur verra bien.

— Faites comme vous voudrez Michel. Je ne serais pas fâché, je vous l’avoue, d’avoir de la descendance de Pritchard.

Michel parut tellement satisfait de la concession, qu’il n’en demanda pas davantage, et, comme nous n’étions qu’à une centaine de pas du château, il ne revint point sur ce qu’il regardait comme une chose arrêtée.

En arrivant au château, je trouvai une lettre de ma fille, qui m’annonçait que Devisme m’avait trouvé pour cent vingt francs un chien magnifique ; nommé Catinat ; elle me demandait si