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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Encore moins. Michel. Je l’ai traversé sans ôter mes bottes, en sautant de pierre en pierre.

— Eh bien, monsieur, c’était comme un fait exprès. — Il parait qu’il y avait eu un grand orage la veille, de sorte que l’Eurotas était large comme la Seine.

— Eh bien. Michel, un chien peut, il me semble, traverser la Seine à la nage.

— Ah ! oui, monsieur ; mais la pétition ! qu’est-ce qu’elle deviendra ?

— Vous avez raison, Michel ; j’avais oublié la pétition.

— Où monsieur l’aurait-il mise ? Voyons !

— Ma foi, je vous avoue, Michel, que je n’en sais absolument rien.

— Eh bien, les chiens ne furent pas si embarrassés que monsieur l’aurait été. Ils prirent le papier, le plièrent en quatre, puis en huit, le roulèrent comme une cigarette et le lui fourrèrent…

— Ils étaient pleins d’esprit, vos chiens, Michel !

— Le lévrier, tranquillisé sur sa pétition, se jeta à l’eau, traversa la rivière, fit, arrivé de l’autre côté, un signe de la patte à ses camarades et disparut…

» Jamais on ne l’a revu depuis, monsieur ; de sorte que, lorsqu’un chien en rencontre un autre, il regarde s’il n’apporte pas la réponse de Jupiter.

— J’avais déjà entendu raconter cette histoire, Michel ; mais vous y ajoutez un nouveau charme. Faites seulement attention que Pritchard me parait un peu trop curieux de savoir si Flore n’est pas chargée de cette réponse.