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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Tiens, fit Michel, comme M. Vertumne du Théâtre-Français, à qui je demandais des billets.

— Verteuil, vous voulez dire, Michel ? Un charmant garçon !

— Il a ses jours… Eh bien, moi, je l’ai toujours appelé Vertumne.

— Les jours où vous l’appeliez Vertumne étaient probablement ses mauvais jours ; mais, moi, comme je l’ai toujours appelé Verteuil, je ne me suis jamais aperçu de ce que vous dites.

— C’est égal, il devrait se marier.

— Qui ? Verteuil ?

— Non, votre Vertumne ; il devrait épouser Flore.

— Vous vous y prenez trop tard pour faire la demande. Michel : il a épousé, voici tantôt deux mille huit cents ans, une nymphe de fort bonne maison, nommée Pomone.

— Ah ! fit Michel visiblement contrarié.

Puis, revenant au premier sujet de notre conversation :

— Ainsi, reprit-il, ça vous est égal que la chienne s’appelle Flore ?

— Le nom, comme je vous l’ai dit, est un peu prétentieux ; mais bah ! je m’y habituerai.

Michel fit quelques pas vers le paysan ; puis il revint presque aussitôt en se grattant le bout du nez, — habitude qu’il avait prise depuis le jour où Turc, chien idiot dont nous avons dit peu de choses parce qu’il y avait peu de choses à en dire, — avait failli, d’un coup de dents, séparer le bout du nez de Michel de sa base.

— Que voulez-vous. Michel ?

— Je réfléchis, monsieur, que, du moment où je lui donne dix