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HISTOIRE DE MES BÊTES.

de s’en tenir à son remède qui avait produit de si heureux résultats.

Il y avait malheureusement très-peu de couverts dans les environs de Bernay, et le talent de Pritchard ne trouva point à s’exercer.

Je fis une assez mauvaise chasse, quoique je me fusse dérobé, comme on dit en termes de turf, craignant les tours habituels de Pritchard à l’endroit de mes compagnons.

Je revenais donc avec quelques perdrix et un lièvre seulement dans le carnier de Michel, lorsque je rencontrai un paysan tenant en laisse une belle chienne marron, qui paraissait avoir trois ou quatre ans.

— Pardieu ! dis-je à Michel, si ce brave homme voulait se défaire de sa chienne à un prix raisonnable, voilà une bête qui ferait bien mon affaire.

— Mais, répondit Michel, monsieur sait qu’il a chargé son ami Devisme de lui acheter un chien et qu’il lui a ouvert à cet effet un crédit de cent cinquante francs.

— Bah ! dis-je à Michel, Devisme m’aura oublié. S’il m’avait acheté un chien, il me l’eût acheté pour l’ouverture ; la veille de l’ouverture, tous les chiens sont à acheter ; quinze jours après, tous les chiens sont à vendre. Voyez ce brave homme, insistai-je et parlez-lui.

Michel s’approcha du paysan.

— Morgue ! dit celui-ci à Michel, voilà un monsieur qui devrait bien m’envoyer noyer son chien qui n’a plus que trois pattes et un œil (il ne voyait pas ce qui manquait encore à Pritchard), au lieu de ma chienne, et prendre ma chienne à sa place.