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HISTOIRE DE MES BÊTES.

devant eux toutes les règles de la civilité puérile et honnête.

— C’est cela ! dit Ernest. Ne t’inquiète pas d’eux, ils reviendront, va.

— Je ne m’inquiète pas d’eux ; mais je voudrais savoir d’où leur vient une pareille susceptibilité.

— Ah ! cela n’est pas difficile, je vais te le dire. J’aime beaucoup ces chiens, qui me viennent de Dumas, je les ai refusés à ma femme, qui voulait les avoir, et je les ai gardés pour moi afin de me les attacher ; je les ai conservés toujours, soit dans ma chambre, soit dans mon cabinet. Mais ces diables de chiens, ce qui n’est chez toi qu’un accident était chez eux une habitude ; de sorte que, comme ils ne choisissaient pas le moment, c’était tantôt couchés sous mon bureau, tantôt couchés sur le pied de mon lit, qu’ils se laissaient aller à ces incongruités. Pour les en guérir, j’ai acheté une jolie cravache, et, quand l’un d’eux avait fait ce que tu viens de faire, je le rossais d’importance, le bruit me désignait le coupable. De quoi se sont alors avisés mes drôles ? Ils ont fait tout bas ce qu’ils faisaient tout haut. Alors, comme je ne pouvais pas deviner lequel des deux était le coupable, je les fouaillais vigoureusement tous les deux ; si bien que tout à l’heure, quand ils t’ont entendu, ne pouvant pas croire que ce fût toi, et n’ayant pas la moindre confiance l’un dans l’autre, chacun des deux a cru que c’était son camarade… Alors, pour éviter la schlague qu’ils avaient cru mériter, ils se sont élancés, comme tu les a vus, pleins d’inquiétude, sinon de remords.

Michel, qui avait des remèdes pour tout, avoua n’en avoir point pour cette sorte d’inconvénients ; de sorte qu’Ernest fut obligé