Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
361
HISTOIRE DE MES BÊTES.

gêner pour Castor et Pollux, et avait laissé échapper ce bruit qui mit mademoiselle de Rohan si fort en peine, tant que M. de Chabot ne l’eut pas pris sur son compte.

Mais sa stupéfaction fut grande, quand, à ce bruit, qui cependant avait été modéré, les deux chiens parurent atteints d’une terreur subite, et, s’écartant l’un de l’autre, autant qu’il leur était possible, s’élancèrent chacun par une des fenêtres de la bibliothèque ouverte sur le parc, et disparurent à ses regards.

Le visiteur resta une jambe en l’air. Il savait bien qu’il venait de commettre une inconvenance ; mais c’était la première fois qu’il rencontrait des chiens si susceptibles.

Il les rappela par leurs noms, cria : « Castor ! » cria : « Pollux !  » mais pas un des deux ne reparut.

Sur ces entrefaites, Ernest rentra. — Il avait entendu les cris de son ami, il le trouvait un peu troublé, et, après les compliments d’usage, il ne put s’empêcher de lui demander :

— Mais qu’avais-tu donc, quand je suis arrivé ?

— Ma foi, lui répondit son ami, j’avais que j’étais très-étonné.

— De quoi ?

— Imagine-toi que j’étais là, bien tranquille avec tes chiens, quand tout à coup, comme si un serpent les eût piqués, les voilà qui s’élancent en poussant une plainte, et qui disparaissent dans le jardin, comme si le diable les y eût emportés !

— Tu auras… ? dit Ernest.

— Ma foi, oui, répondit le visiteur, je l’avoue. J’étais seul, il n’y avait là que tes deux chiens ; je n’ai pas cru devoir observer