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HISTOIRE DE MES BÊTES.

montée sur un cheval noir, et accompagnée de deux lévriers blancs.

Je fis part à Ernest de la similitude que lui trouvait Michel avec la reine de la Grande-Bretagne, ce qui le flatta beaucoup.

Ces deux lévriers, dont l’éducation avait coûté beaucoup de soins à Ernest, et qui étaient très-soignés, au reste, comme on va le voir, avaient été, la veille, l’objet d’un grand étonnement de la part d’un de ses amis venu de Caen pour faire l’ouverture de la chasse avec nous.

Arrivé droit au château, pendant qu’Ernest était à visiter le terroir avec son garde champêtre, le survenant avait été reconnu du valet de chambre pour un ami de son maître, et le domestique l’avait invité, en attendant monsieur, à entrer dans son cabinet de travail, qui était en même temps la bibliothèque.

Le cabinet de travail donnait sur le parc, où l’on descendait par la fenêtre du milieu faisant porte.

De chaque côté de cette fenêtre-porte, était une autre fenêtre élevée de six à huit pieds au-dessus du niveau du jardin.

Le nouvel arrivant s’était d’abord promené de long en large, regardant la vue que l’on avait de la fenêtre de droite, puis celle que l’on avait de la fenêtre de gauche ; après quoi, il était passé aux tableaux, avait admiré Hippocrate refusant les présents d’Artaxercès, avait soupiré à la vue de Napoléon faisant ses adieux à l’armée, dans la cour du château de Fontainebleau ; il avait ensuite jeté un coup d’œil distrait sur les deux chiens couchés l’un à côté de l’autre, comme deux sphinx, sous le bureau de leur maître ; puis, se sentant atteint d’une petite colique et voyant qu’il était absolument seul, il n’avait pas cru avoir besoin de se