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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Qu’est devenu ce portrait, auquel il n’y avait qu’à mettre des ailes, pour qu’on le crût de Beato Angelico ?

D’Orsay était non-seulement élégant, mais encore d’une beauté parfaite ; et non-seulement d’une beauté parfaite, mais encore d’un esprit charmant. Il fut ainsi jusqu’à la fin de sa vie.

Je venais lui proposer de prendre la chasse à nous deux.

Il y consentit, mais à la condition que nous nous adjoindrions le duc de Guiche, son neveu, aujourd’hui duc de Grammont, ambassadeur à Vienne.

Je ne pouvais rien désirer de mieux : j’aimais Guiche autant que j’aimais d’Orsay, c’est-à-dire de tout mon cœur.

Nous prîmes donc la chasse à nous trois.

Comme il n’y avait pas de temps à perdre, nous résolûmes d’en faire l’ouverture dès le surlendemain.

Nous allâmes signer le bail, le même jour, chez maître Bertram, qui nous fit une petite restriction : c’est que, pour nos six cents francs, nous ne pourrions tuer que cent lièvres, ce qui nous faisait trente-trois lièvres chacun ; les perdrix étaient pardessus le marché.

Celui qui tuait un lièvre de plus que son compte en était quitte pour repayer cinq francs au garde.

À midi, le jour de l’ouverture, j’avais tué onze lièvres.

Inutile de dire que Pritchard avait été, de la part de mes aristocrates amis, l’objet d’une raillerie dont, selon son habitude, il se tira à son honneur.